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Route de la soie : Ardèche Chine à moto
27 juillet 2010

Mais où est la sortie ?

Mongolie 507

Je passe donc 2 jours à UB... Je me rends à l'ambassade de Russie. Elle ouvre de 14h à 15h, et il y a foule... Pour un visa de transit avec Transsibérien, il me faut le ticket de train, seulement délivré à Irkutsk en Russie . Oublions ! Je demande un visa tourisme de 1 mois. Il faut un "voucher" émanant d'une des 2 agences de voyage habilitées. Je m'y rends (je vous passe la galère pour y aller). 12 jours ouvrés d'attente. Bon, ça, c'est fait ! Essayons L'aéroport... "Que diriez vous d'un beau petit carton de 220 kg ?" l'employé énumère toutes les conditions nécessaires à l'envol de Bleuette. Mon sourire se figé doucement et tourne à la grimace lorsqu'il annonce le prix. C'est mort. 

Ca commence à devenir un peu délicat. Retour à la case départ, L'ambassade pour un Visa de transit de 10 jours maxi. Nom d'un petit bonhomme... Irkutsk-Rostov na Donu 7000 km. Qui peut faire 7000 km à moto en 10 jours sur des routes défoncées, boueuses et constellees d'ornieres ? Personne, mais je n'ai pas d'autre solution administrative. 

 

Bon... De toutes les manières je n'ai pas le choix. Il faut bien que je sorte de Mongolie. God will provide.Je n'ose rajouter 'as usual' de peur de le fâcher.

Lors de toutes ces circonvolutions administratives, je fais des rencontres. Peter, Autrichien végétarien un peu planant, trés sympa. Depuis 3 semaines, il s'est mis au mouton. C'est sans doute pour cela qu'il est toujours vivant et à mon avis, ni plus loin ni plus prés du Nirvana. Je croise un improbable tendem. Jost, Jeune allemand effectuant le tour du monde en Range Rover. Ultra organisé, chemise repassée, rasé de frais, aux objectifs et décisions sans appel, et Paul, Crocodile Dundee Australien, prenant la vie du bon côté, ne refusant jamais une bière et ayant du mal à poursuivre la conversation quand passe un jupon. Je les avais croisés à la frontière chinoise. A Ulaan Bataar, il semble que l'incompatibilité culturelle entre les deux hommes soient trop forte. Chacun, séparement me fait part de ses doléances. Paul a un gros accent, je ne comprends pas tout. La densité des "fucking" me renseigne tout de même sur la nature des liens qui les unit désormais.

Le matin du deuxième jour, à l 'aube, on frappe à la porte de mon ger. 5h30. Je me lève en grognant. Il n'y a décidement pas moyen de dormir dans cette ville ! En slip, le visage chiffonné, je mets un oeil dehors. Une jeune et belle étudiante. Au début je ne comprends pas. Elle veut faire de la moto, et tout de suite. Sentant l'embrouille, Je lâche quelques jurons et retourne me coucher. Elle insiste et refrappe à ma porte. Je ressors. Petit à petit je comprends qu'elle a passé la nuit avec son copain dans le camp et doit rentrer chez elle avant que son père ne se réveille. Ma moto étant le seul véhicule sur place elle n'a pas d'autre solution. Je lis la peur dans ses jolis yeux. Bon, c'est d'accord. Je l'emmène. Le chien du berger partant avec ses moutons tente de refaire l'ourlet de mon pantalon. et merde ! J'aurais du rester au lit.......

Le soir venu, aprés mon labyrinthe d'avenues, rues et bureaux dans Ulaan Baator, je reviens. Le berger du matin me fait signe. Je m'arrête aprés avoir verifié que son fidèle compagnon n'est pas dans les parages.  L'homme est muet. Il me fait comprendre qu'il est rebouteux. Je m'assois dans l'herbe. Il a un don, c'est clair, passe en revue mes vertèbres. Je lui montre ma cheville. Il comprend vite en comparant les deux. Apres avoir enlevé chaussure et chaussette, il crache deux trois fois sur mon pied et attaque le massage. Je lui donne en remerciement ma petite lampe solaire porte clef. Accolade.

Le camp où je dors est beau, même si c'est un camp aménagé. Au centre se trouve la réplique du ger de Genghis Khan. Au plafond sont accrochées 110 peaux de léopards des neiges et une cinquantaine de peaux de loups, confisquées par le gouvernement à des braconniers. C'est à la fois terrible et magnifique. Lorsque l'on rentre on reste bouche bée un long moment....

Le 28, je retourne à l'ambassade. Ca y est, j'ai le visa de transit. Du 29 juillet au 8 Août. En sortant je croise deux motards ukrainiens sans leur  KTM. Je devine qu ils reviennent du Gobi, l'un d'eux boite lourdement. J'ai confirmation.

Je bois un coup avec un groupe de Francais qui reprennent l'avion ce soir. Ils m'expliquent, que 6 d'entre eux sur 8 sont tombés dans les pommes à cause de la chaleur, en voulant aller jusqu aux dunes du Gobi.

En entendant ces deux témoignages, je ne peux m'empêcher bêtement de reprendre un peu d'assurance. Comment traverser impunément à moto 1400 km de Gobi sur des pistes, par des températures qui dépassent 50° vers 14h ?

La frontière nord est à 320 bornes, je vais me rapprocher au maximum aujourd'hui pour la franchir demain, le 29.

En sandales je ne boîte presque plus, avec la botte qui compresse mon hématome au talon, c'est plus dur quand je marche. Ca tombe bien, sur la moto, je ne marche pas.

 

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Commentaires
C
hello,<br /> <br /> Quel sens de l'humour;-) bon, ça doit être moins drôle en vrai que dans la description que tu nous en donnes.<br /> Good luck!
M
Je viens de te rejoindre dans ton formidable voyage.<br /> Maintenant, j'y suis et j'y reste...quelque part sur bleuette !<br /> A bientot<br /> Marie
S
J'adore retrouver tes récits je vais chaque jour sur ton blog et je voyage par proc avec une petite graine de lointain qui germe un peu plus chaque jour dans ma tête!<br /> Merci pour ces moments de rêve et de rencontres extraordinaires<br /> <br /> sylvie
S
salut Laurent,<br /> en te lisant ce soir, je repense au beau poème de Prévert: "en sortant de l'école, nous avons rencontré un grand chemin de fer..." Toute une épopée, plein de rencontres étonnantes, de poésie, de paradoxes,de lune et d'étoiles...<br /> Bonne route!<br /> Soizic
J
ON THE ROAD AGAIN !!
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