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Route de la soie : Ardèche Chine à moto
21 juillet 2010

Ulaan Baator

Je confirme, il ne faut pas aller en Mongolie pour faire du tourisme urbain.

Je me dégotte un petit hôtel près de l'aéroport. Pas de regret, ils sont tous pareils, c'est à dire inquiétants.

Le bar est attenant et donne dans le couloir de ma chambre. Je m'y rends pour y boire une bière. Une équipe de presque canailles s'y trouve déjà et nous faisons table commune. Le ton est sympa. La moto fascine toujours un peu et je profite de l'effet "grand voyageur". Le plus âgé, 45 ans, chauffeur de Taxi, connaît les grands noms de la culture Française et nous fredonnons ensemble les tubes de Joe Dassin sous l'oeil ému de la barmaid. Puis la Vodka arrive sur la table. Je me cantonne à la bière.
L'ambiance monte d'un cran en quelques minutes. Ma, le chauffeur, brave homme au demeurant, sous l'emprise de l'alcool, se laisse aller aux confidences. Il est né dans le désert de Gobi, ses parents étaient chameliers et la haine des Chinois fait partie de son patrimoine génétique. S'il avait les moyens me dit il, il achèterait une kalashnikov et en liquiderait une bonne vingtaine. C'est pour lui, le devoir naturel de tout bon Mongol. J'oublie de lui parler de mon amie chinoise et la soirée continue.

Une Belle chanson Mongole passe à la radio. L'un des buveurs entonne le refrain. Je suis profondément touché. Est ce la musique, le jeune homme, la Vodka ou la bière ? Il se tait pendant le couplet et j'attends  que le refrain revienne. Toute son âme passe dans le refrain. Je garde dans ma mémoire comme un trésor, l'expression de son visage. Au milieu de ce bar sordide, dans cette banlieue poubelle, il m'offre un des plus beaux instants du voyage.

Le chauffeur de taxi me fait comprendre que je devrais me retirer dans ma chambre car de plus canailles qu'eux arrivent. Plus canaille est un doux euphémisme. J'aperçois par la fenêtre du bar arriver un groupe de skins  nationalistes mongols, avec croix gammées et autres gri-gri rafraichissants. Je ne me le fait pas dire deux fois et je file. Je place une chaise devant la porte branlante de ma chambre et  me couche.

Le bruit va crescendo, les altercations se font de plus en plus nombreuses, rixe dans le couloir, je sors ma petite bombe lacrymogène et la pose à portée de main.

Deux heures du mat, on frappe violemment à ma porte, des cris, des hommes en colère. Je prends la bombe, ouvre le couteau. La porte ne va pas résister longtemps. Je suis à deux doigts de l'ouvrir moi même d'un coup pour à minima profiter d' un bref effet de surprise et barrer l'entrée. C'est la petite employée de l'hôtel, 1m50, qui d'une voix ferme chasse les casseurs. Seule une femme pouvait faire cela sans déclencher une barre générale.

Le lendemain, je me dirige tranquillement vers l'aéroport. L'avion de Wei est pile à l'heure. Nous ne traînons pas dans la capitale Mongole. Direction le sud, le Gobi.

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